Addiction aux jeux en France, 1 370 000 joueurs concernés par ce fléau

Quand on parle d’addiction, on pense très souvent au fléau de l’alcoolisme, du tabagisme ou encore de la toxicomanie. Pourtant, l’addiction aux jeux en France concernerait 1 370 000 personnes selon Jean-Michel Costes, secrétaire général de l’Observatoire des Jeux.

L’addiction aux jeux en France est un sujet de plus en plus préoccupant, tout comme en Italie d’ailleurs, dans la mesure où il constate une augmentation de la proportion de joueurs problématiques.

Addiction aux jeux en France, 1 370 000 joueurs concernés.

Tout d’abord, qu’est-ce que le jeu problématique ?

On le distingue des joueurs récréatifs, c’est-à-dire les personnes qui n’ont pas de difficulté avec leur pratique, qui jouent avec plaisir et sortent du jeu sans aucune difficulté.

Les joueurs problématiques sont ceux qui peuvent se retrouver en difficulté avec le jeu. Le joueur « à risque ou problématique » éprouve des difficultés assez modérées.

Il a tendance à parfois jouer plus souvent ou augmenter ses mises dans l’espoir de récupérer l’argent qu’il a perdu sur un jeu précédent (pour « se refaire »).

Pour la plupart d’entre eux, il s’agit d’une dérive passagère. Néanmoins, certains d’entre eux peuvent devenir des joueurs dits « pathologiques » et développent une forme d’addiction pouvant entraîner des conséquences sociales et financières.

Lorsque l’on cumule le jeu problématique et le jeu pathologique, on se trouve dans ce que l’on appelle « le jeu excessif ».

Ensuite, les problèmes du jeu en chiffres en France

« Il y a en France 1 million de personnes qui sont des joueurs à risque modéré, c’est-à-dire qu’il y a une dépense trop élevée donc ces joueurs dépassent leurs limites, leurs capacités financières. De plus, 370 000 sont des joueurs excessifs, donc qui sont dans la perte totale de contrôle de leurs dépenses ».

C’est ce qu’affirme en gros Jean-Michel Costes, secrétaire général de l’Observatoire des Jeux dans une interview accordée à FranceInfo dernièrement.

Il est l’un des auteurs de l’étude sur les jeux d’argent réalisée par Santé publique France, en partenariat avec l’Observatoire Français des Drogues et Toxicomanies (OFDT) et l’Observatoire des Jeux (ODJ).

Cette étude sur l’addiction aux jeux en France a été menée sur 10 000 personnes de plus de 18 ans. Elle révèle notamment que la part des Français qui jouent à des jeux d’argent et de hasard avait diminué depuis 2014.

Effectivement en 2019, 47,2 % des personnes âgées de 18 à 75 ans ont déclaré avoir joué à un jeu d’argent et de hasard contre 57,2 % en 2014.

Par contre, les experts s’inquiètent de voir augmenter la proportion de jeu problématique. La concentration de la dépense est particulièrement marquée puisque 82,8 % de la dépense est concentrée sur seulement 10 % des joueurs.

Finalement, cette enquête révèle que les Français joueraient moins certes, mais plus intensément.

L’augmentation des paris sportifs en ligne en cause ?

De 2014 à 2019, l’Observatoire des Jeux a constaté également une augmentation des paris sportifs de plus de 60 %.

Cette hausse s’accompagne d’une migration des joueurs sur Internet. En effet, 16,1 % des personnes interrogées ont joué en ligne en 2019 contre 7,3 % en 2014.

Mais si l’on s’intéresse aux paris sportifs uniquement, on constate que la proportion de joueurs pour cette activité est passée de 26,1 à 61 %, donc une augmentation exponentielle dans ce secteur qui engendre une augmentation de l’addiction aux paris sportifs.

Existe-t-il un profil du joueur problématique ?

Il n’y a pas pour ainsi dire de profil type du joueur problématique, ce problème touche aussi bien les hommes que les femmes (même si elles sont moins nombreuses), de tous les âges et de toutes les catégories sociales.

En revanche, certains facteurs favorisent les problèmes d’addiction aux jeux en France. En voici une liste non-exhaustive :

  • Avoir une accessibilité au jeu (Internet permet de jouer 24h sur 24h) ;
  • Avoir grandi avec des joueurs ou avoir commencé à jouer très jeune ;
  • Avoir eu « la chance du débutant » ;
  • Avoir la fausse croyance en sa chance aux jeux ;
  • Avoir des problèmes financiers (des joueurs addicts font souvent des crédits) ;
  • Être impulsif, stressé ou avoir des problèmes de santé ;
  • Les problèmes de drogue et d’alcool.

Tous ces problèmes sont autant de facteurs de risque de devenir un joueur problématique, voire pathologique.

Quelles sont les conséquences d’un problème de jeu

Les conséquences d’une addiction au jeu sont très diverses. D’abord, il y a des conséquences financières avec des pertes d’argent plus ou moins importantes et une augmentation des dettes et des factures impayées.

Ensuite, les problèmes de jeu peuvent avoir des conséquences familiales avec des conflits de couple, un désintérêt pour sa famille ou encore des violences verbales ou physiques.

L’environnement social est aussi impacté par l’isolement du joueur ou la multiplication des dettes auprès de son entourage, voire même à contracter des crédits auprès des banques.

Au niveau professionnel, le joueur problématique aura tendance à être irritable, absent, en retard et à manquer de concentration.

Dans de nombreux cas, cela peut mener à un licenciement, ce qui aggrave encore plus les problèmes du joueur et augmente le risque de conséquences judiciaires ou de dérive vers des activités illégales (vol ou détournement d’argent comme dans cet exemple).

Enfin, l’addiction au jeu entraîne de l’anxiété voire même souvent des dépressions accompagnées parfois d’idées suicidaires dans les cas extrêmes comme celui-ci à cause des paris sportifs.

Existe-t-il des traitements contre les problèmes de jeu ?

Dans un premier temps, un joueur problématique peut tenter d’arrêter ou de diminuer le jeu par ses propres moyens.

Pour cela, il faut faire preuve de beaucoup de volonté et de motivation. Il faut d’abord prendre des mesures financières pour limiter son potentiel de dépense (certaines peuvent être prises en accord avec sa banque).

Ensuite, il faut se fixer des règles de vie, des règles comportementales et notamment éviter tous les environnements où le jeu est présent. Dans le cadre d’Internet, une solution logicielle radicale existe comme celle-ci. Une autre application existe aussi mais en français.

Enfin, il est nécessaire de communiquer avec son entourage et avec des gens de confiance. 

Dans les cas les plus graves, des mesures d’aide psychologiques et médicamenteuses peuvent être prescrites et des mesures financières voire une mise sous curatelle peuvent être demandées par un juge.

Comment définit-on un jeu d’argent et de hasard ?

Selon le Centre du Jeu excessif en Suisse, département du centre hospitalier universitaire vaudois, le jeu d’argent et de hasard (JAH) peut être défini comme « toute activité ludique mettant en jeu de l’argent ou un bien, et dont l’issue dépend en partie ou exclusivement du hasard ».

Les jeux de hasard se caractérisent donc par le fait que les compétences et l’expérience du joueur n’ont pas ou très peu d’influence sur le résultat. C’est donc le cas des loteries, des jeux de grattage et des machines à sous entre autres jeux de casino.

Il est à noter que la loterie Loto par exemple n’engendre que très peu de joueurs addicts. En revanche, les jeux à gains instantanés (jeux de grattage et machines à sous pour exemples) sont quant à eux très addictifs si le joueur est déjà fragile psychologiquement.

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