Le cours de l’action FDJ stagne car la Commission Européenne enquête…
En ce mois de décembre 2022, la Française des Jeux fête les trois ans de son entrée en bourse. Grâce à ses bons résultats financiers et la réussite de son passage au numérique, son cours est en hausse de 80 %.
Pourtant, depuis juillet 2021, une ombre plane : la Commission Européenne enquête sur la FDJ. Depuis, le cours de l’action FDJ stagne. Le parcours presque sans faute réalisé par la société va-t-il en payer les frais ?
Est-ce toujours aussi avantageux de détenir des actions du groupe ? Toutes les réponses dans cet article.
Pourquoi la Commission Européenne enquête-t-elle sur la FDJ ?
Depuis juillet 2021, la Commission Européenne mène une enquête sur la FDJ.
En effet, la Française des Jeux s’est vu octroyer par l’État des « droits exclusifs » pour exploiter les loteries et les paris sportifs en France durant 25 ans. En contrepartie, la FDJ a dû verser 380 millions d’euros à l’État.
Il y a peu de temps, et depuis que la Commission Européenne enquête sur la FDJ, l’organisme de Bruxelles a fait parvenir un courrier à la France, dans lequel elle faisait part de son impression que « la rémunération de la FDJ pour l’octroi des droits exclusifs conférés semble substantiellement inférieure, à un prix qui pourrait être considéré comme un prix de marché. Aussi, un privilège au profit de la FDJ semble être présent à ce stade ».
La banque Citi a également estimé de son côté que la Française des Jeux pourrait éventuellement devoir un complément de prix avoisinant les 1,06 milliard d’euros.
Suite à cette révélation, la société a rapidement pris la parole pour déclarer que « l’enquête de la Commission n’emporte aucune décision à ce stade de la procédure » et qu’elle se tenait disponible pour apporter « aux côtés de l’État, aux autorités européennes tous les éléments nécessaires ont été respectés ».
Le groupe espère bien évidemment que tout cela aura un impact mineur sur le cours de l’action de la FDJ.
La Commission Européenne enquête sur la FDJ depuis l’été 2021, et suite à cela, la Française des Jeux avait déjà précisé que le document d’enregistrement du 17 octobre 2019, nécessaire à son introduction en Bourse, précisait bien « les risques de recours contre les textes ayant permis sa privatisation ».
Un soupçon venu de Grèce…
La Commission Européenne mène l’enquête sur la FDJ, mais d’où leur est venue cette idée ?
Et bien, Bruxelles s’est rendu compte qu’une opération similaire s’était produite en 2013 en Grèce : l’opérateur local de jeux d’argent, l’OPAP, s’était acquitté de 375 millions d’euros pour obtenir les mêmes droits que la FDJ en France, mais sur une période bien plus courte, à savoir de 10 ans.
Tout en sachant que le marché grec est largement moins développé que celui de la France, de trois à quatre fois.
« L’OPAP a payé 375 millions d’euros pour des droits sur 10 ans, ce qui représente 8 % des mises annuelles en Grèce, contre 2 % pour la FDJ. Mais sur cette somme, seuls 75 millions ont réellement été payés pour des droits nouveaux, les 300 millions d’euros restants correspondent en réalité à des taxes qui n’ont ensuite pas été perçues par le gouvernement grec, donc des avances », précisent certains spécialistes. Avant d’enchaîner : « Si l’OPAP est une référence, ce n’est peut-être pas la meilleure des références ».
« De plus, chaque marché des jeux en Europe est distinct, avec une fiscalité et un cadre réglementaire différent. La France, mais aussi la Pologne et le Portugal sont connus pour être les plus restrictifs. Cela explique donc dans le cas de la France des marges potentiellement moins élevées comparées à d’autres opérateurs européens », concluent les analystes.
Une introduction en bourse réussie pour la FDJ
Pour en être sûr, remontons un peu dans le temps. La Française des Jeux a donc investi 52 % de son capital dans son introduction en Bourse.
À priori, tout était favorable, avec une décote de 2 % sur le coût d’acquisition théorique de 19,50 €, contre, pour les investisseurs institutionnels à 19,90 €.
La FDJ avait également mis en place une opération spéciale qui donnait l’opportunité d’avoir une action gratuite pour dix actions acquises.
La condition était de les garder durant au moins 18 mois. Cet encouragement à conserver sa mise de départ a créé un phénomène de rareté liée à l’action FDJ. Tout ceci a largement contribué à soutenir la progression du titre.
En seulement un an, le cours de l’action FDJ avait grimpé de 80 %, surpassant le CAC 40 qui baissait de 16 % de son côté. Malgré la crise sanitaire, la société a continué à faire un excellent chiffre d’affaires, ce qui a permis cette très bonne entrée en Bourse qui a rassuré les investisseurs.
Ce parcours plein d’ambition de la FDJ a encore pris de la hauteur quand 2 777 526 actions gratuites ont été versées fin mai 2021 aux investisseurs ayant participé à la privatisation.
Le mois qui a suivi a même vu le cours de l’action FDJ décollé au-dessus des 50 €, frisant même les 52 €. Mais cet état de grâce n’a pas duré et, depuis, le cours de l’action FDJ n’a fait que progressivement reculer pour stagner autour de 30 à 38 €.
Aldo Sicurani, le délégué général de la Fédération des investisseurs individuels et des clubs d’investissements (F2iC) a réalisé une analyse : « certains actionnaires se sont éventuellement dit que même si l’action est solide, elle ne méritait peut-être pas le prix qu’elle avait atteint ».
Et effectivement, les derniers chiffres communiqués par la Française des Jeux semblent le confirmer : le nombre d’investisseurs individuels tourne autour de 380 000 contre 500 000 au moment de l’introduction en bourse.
L’euphorie de l’introduction en bourse de la FDJ est-elle passée ou les investisseurs sont-ils devenus craintifs suite à l’enquête sur la FDJ menée par la Commission Européenne ?
Quel est le cours de l’action FDJ ?
En ce moment :
Le cours de l’action FDJ oscille en ce moment aux alentours de 38 € : est-ce une répercussion du fait que la Commission Européenne enquête sur la FDJ ?
On constate en tout cas qu’en 3 ans, le titre a tout de même quasiment doublé comparé à son prix initial de 19,50 €. Un beau parcours boursier que peu de sociétés cotées peuvent se targuer !
De plus, La Française des Jeux a promis de reverser aux actionnaires 80 % de son résultat net. Ça non plus, ce n’est pas rien !
En 2020, pendant la crise sanitaire, l’État avait demandé aux entreprises de diminuer la rémunération faite aux actionnaires : la FDJ avait donc amputé le dividende d’un tiers à 0,45 €.
Toutefois, en 2021, ce dividende a doublé à 0,90 € par action. Cette année, en 2022, ce chiffre a atteint 1,24 € par action. Et malgré le fait que la Commission Européenne enquête sur la FDJ, les perspectives de croissances restent solides.
D’ailleurs, la FDJ a déclaré il y a quelques semaines une hausse de 12 % de son chiffre d’affaires, ce qui correspond à 592 millions d’euros pour son troisième trimestre.
La FDJ estime aussi pour l’année 2022 une nette progression de 8 %, au lieu des 5 % habituels. En effet, elle espère bénéficier de l’effet Coupe du Monde de football qui est un terrain propice pour les paris sportifs.
Et pour l’avenir ?
La Présidente Directrice Générale du groupe FDJ a récemment déclaré : « notre très bonne réussite 2022, au-delà de nos attentes grâce à la poursuite de la dynamique du digital et à la reprise de l’activité en point de vente, nous permet de réaffirmer nos objectifs de croissance et de profitabilité moyen terme, en dépit d’un contexte macro-économique plus incertain ».
Bien que la Commission Européenne enquête sur l’affaire des « droits exclusifs », la FDJ prévoit toujours une croissance annuelle de son chiffre d’affaires pour la période 2022-2025 : entre +4 et +5 %, avec un indicateur de rentabilité au-delà de 25 % pour 2025 (cette statistique était à 24 % en 2022).
La Française des Jeux estime également que son taux de distribution du résultat net sera compris entre 80 et 90 %. Il semble cependant à ce jour que les investisseurs redoutent le verdict de l’enquête de la Commission Européenne, prévu à la fin du 1er semestre 2023.
Affaire à suivre donc, surtout pour les actionnaires particuliers qui aimeraient retrouver une autre nette hausse du prix de l’action FDJ au lieu de sa stagnation actuelle.