Des nouvelles variantes de poker, mais à quoi bon ?

Depuis de longs mois maintenant, les opérateurs de poker en ligne attendaient que de nouvelles variantes du jeu de poker soient autorisées en France. Eh bien, courant octobre, leur vœu a été exaucé.

Des nouvelles variantes de poker, mais à quoi bon ?

En effet, alors que l’offre proposée par les rooms de poker opérant en France n’avait pas connu la moindre évolution depuis 2010 et l’ouverture du marché à la concurrence, le décret n°2016-1326 vient de rabattre les cartes.

Désormais, les variantes de poker autorisées en France ne se bornent donc plus au Texas Hold’Em et à l’Omaha.

Les opérateurs de poker peuvent effectivement proposer dans leurs rooms de nouvelles variantes de poker telles que l’Omaha Hi-Low, l’Omaha à 5 cartes, le Stud et l’ensemble de ses dérivés mais aussi, le 2-7 Triple Draw Lowball.

En revanche, il restera impossible de jouer en ligne en France au 5-card Draw, ce dernier ne comptant pas parmi les nouvelles variantes de poker légalisées par le décret publié le 6 octobre 2016.

Cette autorisation de nouvelles variantes de poker sur le marché français – tout comme l’autorisation du partage des liquidités entre les opérateurs français et leurs homologues européens mise en œuvre par la loi pour une République Numérique – vient récompenser le travail réalisé par l’ARJEL au cours des derniers mois.

Charles Coppolani et ses équipes œuvraient effectivement pour contenter les opérateurs de jeux d’argent en ligne, mais se cassaient jusque-là les dents sur une machine administrative et politique française qui éprouve bien des difficultés dès lors qu’il faut essayer de faire changer quelque peu les choses.

Maintenant que ces questions ont été traitées juridiquement parlant, reste toutefois à les mettre en œuvre techniquement parlant. Pour ce qui est de l’élargissement de l’offre via les nouvelles variantes de poker autorisées, les nouvelles tables devraient être déployées très rapidement.

Il faut dire que certains opérateurs proposent déjà ces nouvelles variantes de poker dans d’autres pays où le poker est régulé.

La France, toujours en retard ? Eh oui, comme d’habitude dirons-nous, et sur bien des points concernant les jeux en ligne, notamment, comme le souligne l’AFJEL, les jeux casino toujours absents des plateformes des opérateurs.

Absence de ces jeux de hasard à cause de la loi de 2010, mais aussi, certainement à un lobbying qui opère en silence dans les coulisses de l’Etat (casinotiers, FDJ etc.).

De profonds bouleversements à attendre avec ces nouvelles variantes de poker ?

Joueurs comme opérateurs ont d’ores et déjà salué les bouleversements que va connaître le marché du poker en ligne. Seulement voilà, l’impact de ces nouvelles variantes sur le poker français pourrait bien être des plus réduits, l’ARJEL ayant considérablement surestimé les potentielles conséquences.

En effet, l’ARJEL estime que le manque de variantes de poker jusque-là autorisées en France, a causé la fuite de nombreux nouvelles variantes jeu poker vers les plateformes étrangères.

Depuis, ces derniers ont pris leurs habitudes et il est donc peu probable que l’élargissement de l’offre légale suffise à les « rapatrier » dans des rooms françaises.

Ceci est d’autant plus vrai que la fuite à l’étranger n’avait pas pour raison, contrairement à ce qu’explique l’ARJEL, l’absence de certaines variantes de poker mais plutôt la fiscalité beaucoup plus attractive dans la majeure partie des pays voisins

Autrement dit, il ne faut pas rêver, l’autorisation de nouvelles variantes de poker ne va pas être le remède à tous les maux rencontrés par les opérateurs de jeux d’argent en ligne.

En raison des faibles parts du marché mondial qu’elles représentent, il n’est même pas certain qu’elles permettent de capter de nouveaux joueurs, c’est dire !

Beaucoup de bruit pour pas grand-chose !

Pour confirmer ces dires, il suffit d’ailleurs de s’intéresser au potentiel des différentes variantes de poker sur le « .com » puisque ce type de plateformes ne fait l’objet d’aucune restriction. Le résultat est tout bonnement édifiant…

A l’occasion des World Championship of Online Poker (WCOOP) organisés en 2016, 82 tournois s’offraient aux joueurs et 60 concernaient les variantes de poker disponibles en France depuis 2010, à savoir le Texas Hold’Em et l’Omaha.

Pire même ! Nonobstant la possibilité de participer à plusieurs tournois différents, seulement 5% des joueurs se sont tournés vers les variantes de poker nouvellement autorisées en France.

Le potentiel de l’Omaha Hi-Low, de l’Omaha à 5 cartes, du Stud et de ses dérivés mais aussi du 2-7 Triple Draw Lowball est donc des plus réduits d’autant plus que les joueurs français ne sont pas du tout éduqués à ces variantes.

Aussi, au-delà de l’effet d’annonce, l’impact des réformes récentes pourrait être des plus limités.

Pour autant, tout n’est pas à jeter d’autant que ce type de décisions envoie un signal fort aux acteurs du marché et leur prouve que des changements sont possibles.

Une vraie lueur d’espoir pour éclaircir un avenir qui ne cessait de s’assombrir en quelque sorte !

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