Trop de casinos dans le département du Var ?

Alors que le chiffre d’affaires des casinos a chuté en France de 4,5% en 2013, on pourrait s’attendre à ce que le secteur attire moins d’investisseurs.

Pourtant, dans le Var, un département qui comptait déjà 5 établissements de jeux implantés sur son territoire début 2012, trois nouveaux casinos se sont vus accorder une autorisation d’implantation entre la fin 2012 et la mi-2013.

Trop de casinos dans le département du Var ?

Néanmoins, les nouveaux arrivants ne sont guère appréciés par les anciens casinotiers. D’ailleurs, les casinos de La Seyne sur Mer et de Sanary viennent de voir leur autorisation d’exercice annulée suite au recours administratif d’un concurrent.

Décidément, y aurait-il trop de casinos dans le Var ? Début 2012, le littoral varois accueillait pas moins de 5 casinos répartis sur la côte entre Bandol et Saint Raphaël. Tout allait très bien et les cinq établissements parvenaient à réaliser de jolis bénéfices malgré la crise…

Conscient du potentiel offert par le département, trois nouveaux casinos ont ouvert ou vont ouvrir leurs portes respectivement à La Seyne (2012 dans un casino provisoire, construction d’un casino pour 2014) à Fréjus (fin 2013), mais aussi Sanary (2015).

Et depuis, rien ne va plus dans le département… sauf pour les arrivants.

Le Groupe Partouche a réussi à faire annuler l’autorisation des nouveaux casinos

En effet, à l’Ouest du département, le Groupe JOA, propriétaire du casino de La Seyne, a réussi à réaliser une première année intéressante en captant une nouvelle clientèle mais aussi, en « volant » quelque peu de clientèle aux casinos voisins historiquement installés.

C’est d’ailleurs parce qu’il juge que le marché risque d’être saturé avec l’arrivée de ces nouveaux casinos, et que la pérennité économique des casinos historiques pourrait être menacé avec ce partage du marché, que le Groupe Partouche, gérant du Casino de Bandol, principal perdant de l’implantation des casinos à La Seyne sur Mer et Sanary, a demandé l’annulation des autorisations accordées à ses concurrents.

Il y a quelques jours, le rapporteur public avait préconisé l’annulation des autorisations données aux casinos de Sanary et de la Seyne sur Mer.

Et, le 6 Février, c’est le Tribunal Administratif qui a statué en ce sens en décidant d’annuler les arrêtés d’autorisation pris en 2012.

Concrètement, cela signifie donc que le casino de la Seyne sur Mer devra fermer au plus tard le 1er Novembre 2014 et que le casino de Sanary n’ouvrira jamais ses portes.

Des réactions vives des Groupes JOA et Vikings qui mettent en avant l’argument de… l’emploi

Les réactions à ces décisions ont été vives puisque le Groupe JOA, qui exploite un casino provisoire à La Seyne en attendant la livraison d’un établissement prévu pour 2014, s’est dit choqué.

En remettant en cause l’autorisation de son casino, le Tribunal Administratif « condamne » un projet d’investissement de 25 millions d’euros mais aussi, des emplois puisque 55 salariés travaillent actuellement dans le casino provisoire (120 salariés étaient prévus dans l’établissement flambant neuf).

Et que dire des 60 millions d’euros sur 20 ans sur lesquels devra s’asseoir la municipalité de la Seyne sur Mer qui comptait sur cet argent pour mener divers projets.

En effet, c’est un peu « une mode » aujourd’hui pour les Maires des villes d’ouvrir un casino… Nous vous rappelons que la France, qui compte presque 200 casinos, est le deuxième pays au monde en termes de concentration d’établissements de jeux physiques, dont les casinos font partie.

Le Groupe Vikings, qui attendait lui 2015 pour ouvrir son casino de Sanary, mais qui avait d’ores et déjà reçu une autorisation d’implantation, a également été surpris de la décision.

Aujourd’hui encore, Luc Le Borgne, Directeur Général du Groupe Vikings, estime que « le bassin varois est sous équipé en machines à sous » et précise qu’ « il y a une machine à sous pour 1333 habitants dans le Var, alors que l’on en compte une pour 409 habitants dans les Alpes-Maritimes ». En ce sens, la décision du Tribunal Administratif semble incompréhensible selon lui.

Les deux casinotiers pourraient d’ailleurs envisager un recours à l’échelle européenne motivé par le principe de « libre concurrence » car l’action du Groupe Partouche pourrait ressembler à une volonté de conserver un « monopole » dans le département du Var.

A l’Est du département, l’installation d’un casino à Fréjus en Décembre 2013 ne plait guère surtout au voisin de Saint Raphaël qui, en deux mois, a vu son chiffre d’affaires diminuer de 25%, probablement la part captée par le nouveau venu.

Et les guéguerres entre les groupes de casinos français ne sont pas finies…

Les gérants du casino raphaëllois ont aussi d’ailleurs jugé « navrante » l’implantation d’un casino à Fréjus.

Pour autant, aucun recours n’a été déposé actuellement et les deux établissements s’accommodent au mieux de la situation et savent qu’ils vont devoir redoubler d’efforts pour attirer la clientèle… qui pourtant est décroissante depuis presque 8 ans.

A l’heure de ces guéguerres entre établissements de jeux dans le Var, la section casinos et cercles de jeux du Syndicat Force Ouvrière (FO) a d’ailleurs adressé un courrier au Ministre de l’Intérieur, Manuel Valls, afin que soit critiqué « le développement non-maîtrisé » des salles de jeux dans le département.

En effet, cette frénésie des casinos pourrait causer, à terme, des pertes d’emplois et faire des ravages dans le tissu économique local. FO propose ainsi l’idée d’un numerus clausus au niveau régional afin que soit régulé, au mieux, le nombre de casinos implantés dans une région donnée.

Une chose est certaine, l’exemple du département du Var démontre que trop de casinos peut bel et bien tuer les casinos, un précepte probablement valable dans d’autres départements.

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