Quelle est la catégorie socioprofessionnelle qui joue le plus au poker, paris sportifs et hippiques ?

Bien que les jeux d’argent en ligne soient accessibles à tous les individus dès lors que ces derniers possèdent un ordinateur et une connexion Internet, il est totalement faux de dire que la population des joueurs permet de fournir une photographie sociologique de la population française.

En effet, selon leur catégorie socioprofessionnelle, tous les individus ne cultivent pas la même passion pour les jeux d’argent en ligne.

Quelle est la catégorie socioprofessionnelle qui joue le plus ?

Reste maintenant à voir qui sont les plus joueurs mais aussi, qui sont ceux qui sont parvenus à échapper à ces véritables phénomènes que sont le poker, les paris sportifs et les paris hippiques en ligne.

Les jeux de poker et les paris en ligne peinent à convaincre les classes populaires

Selon une étude réalisée par le sociologue Jean Pierre G.Martignoni-Hutin, les classes les plus populaires de notre société seraient globalement sous-représentées lorsque l’on s’intéresse à ceux qui jouent en ligne au poker et aux paris.

La catégorie socioprofessionnelle la plus sous-représentée est incontestablement les ouvriers.

S’ils pèsent un peu plus de 12% de la population française, ils constituent moins de 5% de la population des joueurs, et cela est vrai aussi bien pour le poker que pour les paris sportifs ou hippiques.

Ici, il s’agit véritablement d’une aversion aux jeux en ligne puisque cette catégorie socioprofessionnelle apprécie en revanche beaucoup ces mêmes jeux proposés par les opérateurs en dur.

A noter que cette catégorie de joueurs est certainement plus attirée selon nous vers les jeux de grattage et le Loto de la FDJ. Comme le stipulait le percutant slogan de la FDJ à l’époque, « le Loto, c’est facile, c’est pas cher et ça peut rapporter gros » ciblait selon notre avis, les joueurs peu argentés, donc les ouvriers.

Les retraités sont également une catégorie socioprofessionnelle qui peine à être séduite par les jeux en ligne.

Ils ont effectivement beau représenter plus d’un quart de la population française, ils ne composent qu’à hauteur de 13% les effectifs des joueurs en ligne (pour rappel, il s’agit des jeux de poker et des paris). Toutefois, les retraités semblent avoir une vraie discipline de référence.

En effet, si les retraités ne sont pas « clients » des sites de paris sportifs en ligne et de poker – leur proportion étant inférieure à 4% – cette catégorie socioprofessionnelle est incontournable pour les opérateurs de paris hippiques, les retraités représentant à eux seuls plus d’un tiers des joueurs.

On comprend donc mieux pourquoi le PMU et Zeturf conduisent depuis de longs mois une stratégie commerciale visant à rajeunir leur clientèle

La part des retraités dans le monde des paris hippiques en ligne pourrait d’ailleurs être plus importante encore, mais de nombreux membres de cette catégorie socioprofessionnelle avouent apprécier les courses de chevaux avant tout… pour l’ambiance régnant dans les points de vente PMU et pour la rencontre d’autres personnes, élément incompatible avec le jeu sur Internet.

Les professions intermédiaires sont également sous-représentées mais dans une proportion moindre. De plus, il s’agit généralement là d’une catégorie socioprofessionnelle peu « joueuse » donc difficile ici de trouver une réelle anomalie pouvant être liée aux jeux en ligne.

Les cadres emballés par les jeux d’argent en ligne

Si les retraités mais surtout les ouvriers ne sont pas les plus fervents en matière de jeux d’argent en ligne, il y a une catégorie professionnelle qui se distingue par sa forte proportion de joueurs et il s’agit des cadres et autres professions intellectuelles supérieures (PIS).

Eh oui, bien que représentant moins de 10% des Français, ils constituent plus de 27% des joueurs en ligne selon l’étude de Jean Pierre G. Martignoni-Hutin.

Les membres de cette catégorie socioprofessionnelle affichent toutefois une nette préférence pour les paris sportifs et le poker en ligne puisqu’ils pèsent plus de 30% des joueurs contre seulement 18% pour les paris hippiques.

Si cette prédominance des cadres est observée, c’est avant tout parce que ces derniers sont les premiers à s’être habitués à la digitalisation de notre société. Aussi, jouer en ligne apparait pour eux comme une évidence, tout comme le commerce en ligne, d’autant qu’ils n’ont pas forcément le temps de se rendre chez les opérateurs en dur.

Bien évidemment, la conquête des cadres est une bonne nouvelle pour les opérateurs de jeux en ligne puisque cette catégorie socioprofessionnelle est celle qui dispose du pouvoir d’achat le plus élevé. Pas étonnant donc que certains soient de très gros joueurs.

Les employés sont également très attirés par les jeux d’argent en ligne puisqu’ils constituent près du quart des « clients » des opérateurs alors qu’ils ne représentent que 16% de la population française.

Cette surreprésentation, particulièrement vraie en ce qui concerne les paris sportifs où le pourcentage d’employés atteint 27%, s’explique assurément par le fait qu’Internet a pleinement été apprivoisé par cette catégorie socio-professionnelle, qui était déjà auparavant très adepte de jeux.

Pour être complet, constatons aussi que les artisans ont su prendre le wagon du jeu digital.

Poker, paris sportifs et paris hippiques : trois jeux d’argent socialement marqués ?

Si la loi du 12 mai 2010 avait pour objectif de rendre les jeux d’argent accessibles à tous avec leur disponibilité permanente sur Internet, force est de constater, près de six ans plus tard, que ces derniers restent très marqués socialement.

En effet, les cadres et employés représentent plus de la moitié des joueurs alors même qu’ils ne constituent qu’un quart de la population française. Autant dire donc que le jeu en ligne a principalement convaincu ceux disposant des plus hauts revenus.

Toutefois, des différences sont visibles selon le jeu auquel on s’intéresse… Le poker, par exemple, est un jeu qui attire majoritairement cadres (31,4%), employés (24,6%) et inactifs non retraités (15,1%).

Les parieurs sportifs présentent un profil sociologique relativement proche puisque les catégories socioprofessionnelles les plus représentées sont les mêmes, mais dans une proportion encore plus importante : cadres (32,3%), employés (27,8%) et inactifs non retraités (18%).

Ces chiffres sont d’ailleurs surprenants lorsque l’on sait que le football, sport apprécié par les couches populaires, reste la première discipline en matière de paris.

Pour les turfistes enfin, la donne est en revanche bien différente puisque le profil sociologique est beaucoup plus métissé, bien que largement dominé par les retraités (33,4%), les employés (20,7%) et les cadres (18,1%).

Artisans, professions intermédiaires, inactifs non retraités ou encore ouvriers pèsent quant à eux tous entre 4,9% et 8,4%.

La catégorie socioprofessionnelle de joueurs a, en tous les cas c’est certain, un véritable impact sur la consommation de jeux d’argent en ligne.

Tableau des catégories professionnelles associées aux jeux d’argent en ligne: poker, paris sportifs et hippiques selon l’étude menée par le sociologue.

Professions
détaillées
Paris
hippiques
Paris
sportifs
Joueurs
de poker
Moyenne
Agriculteurs  1.3% 0.5%  0.5%  0.8% 
Artisans  6.2% 4.8%  9.6% 6.9%
Cadres  18.1% 32.3% 31.4% 27.3% 
Autres professions  8.4% 9.4%  10%  9.3% 
Employés  20.7% 27.8%  24.6%  24.4% 
Ouvriers  4.9% 4.2%  5%  4.7% 
Retraités inactifs  33.4% 2.9%  3.9% 13.4% 
Inactifs autres  7% 18%  15.1%  13.4% 
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